Il y a quelques semaines, j'ai créé une page Facebook pour mon activité. J'avais fait une tentative précédemment, à titre personnel, qui s'était avérée un échec. J'avais le sentiment de regarder les autres par le trou d'une serrure.
Les amis de mes amis étant souvent mes amis (selon le principe tentaculaire Facebook), j'avais accès à l'intimité de parfaits inconnus. Certes, ils avaient choisi d'être visibles de tous en cliquant sur la petite mappemonde, mais ces gens (souvent très jeunes) étaient-ils bien conscients de se retrouver le soir sur mon écran d'ordinateur?
L'idée me dérangeait et j'ai fini par supprimer mon compte.
Puis, sur les conseils d'autres artisans, j'ai donc ouvert une page destinée à faire connaitre ma petite entreprise. Toujours selon le même principe tentaculaire, l'information peut circuler rapidement et c'est gratuit. Je m'amuse donc à faire vivre ma page et petit à petit de nouvelles personnes viennent s'ajouter à ma liste d'amis.
Au début, il s'agissait de connaissances, mais à présent je "fréquente" de parfaits inconnus qui aiment mes réalisations.
Inconnus ou pas d'ailleurs, puisque le grand écrivain de polar RJ Ellory m'a écris qu'il appréciait mes créations.
Oui, je suis amie avec lui...ah, ah, ah, ça vous en bouche un coin!
Et je constate que je sombre dans l'addiction. Avec l'Ipad, c'est tellement facile de regarder sa page et de constater que tel ou tel est connecté en même temps. Tiens, Pierre est en ligne à Singapour. Hop, un petit coucou en direct. Trois mots échangés, rien de très profond, mais c'est chouette. Tiens Justine et Thomas se sont pris en photo avec leur téléphone sur les oeufs de Superbagnères ? en un clic, ils sont avec moi et je leur laisse un petit mot, insignifiant, mais c'est chouette. Sympa cette fille qui me félicite pour mon dernier collier. Je ne la connais pas, mais c'est chouette. Hop, je lui envoie un smiley. Et puis, cette autre qui vit à Mirande, à qui je n'ai même jamais parlé, voilà que je lui souhaite un bon anniversaire sur la toile, parce qu'elle a donné sa date de naissance et que j'ai eu l'info par Facebook.
Magique. Trop sympa. Elle m'a remercié d'ailleurs. Sur Facebook.
Oui, sauf que ce soir, je l'ai croisé au supermarché et que toutes les deux, on a eu l'air de deux cloches. Je ne sais pas qui elle est, et réciproquement. Pourtant, je connais le visage de ses enfants, je sais qu'elle aime telle ou telle chose, qu'elle fréquente un tel et une telle et qu'ils ont dîner ensemble la semaine dernière...
Nos regards se sont croisés et j'ai pensé : on vit une drôle d'époque...
Vous voyez ce que je veux dire?